Lait bio – état des lieux et perspectives
Lors des précédentes crises laitières de la filière conventionnelle (2009 ; 2015), la filière biologique a su absorber d’importantes vagues de conversion. Les producteurs étaient à la recherche de prix stables et rémunérateurs. Il faut rappeler que le prix du lait bio est déconnecté du prix conventionnel. Actuellement, des volumes de lait importants issus de la dernière vague de conversion arrivent dans la filière bio.
Le marché bio laitier, qui jusque-là était très porteur, a été déstabilisé par les répercutions de la crise de la COVID. Alors que le marché conventionnel laitier était saturé, en lien avec la fermeture des débouchés export et RHD notamment, les collecteurs bio n’ont pas pu à leur habitude déclasser le lait bio excédentaire dans la filière conventionnelle afin de maintenir un équilibre offre – demande favorable, et donc un prix du lait rémunérateur.
Les acteurs historiques 100 % bio de la collecte de lait biologique gardent en effet une « bulle de lait » supplémentaire afin de fournir de nouveaux clients bio et pour pouvoir accueillir de nouveaux producteurs. Lors de la COVID, les marchés en bio se sont également resserrés et la demande a baissé concernant les produits ultra-frais. Cette conjoncture défavorable au secteur laitier dans son ensemble a contraint les opérateurs 100 % bio à inciter leurs producteurs apporteurs à diminuer leurs volumes produits, afin de préserver un équilibre entre offre et demande et pour ne pas trop impacter les prix payés aux producteurs.
Cette conjoncture économique n’incite pas les collecteurs à accueillir de nouvelles conversions, mais les nouveaux installés sont toujours recherchés : en effet, le renouvellement des générations est un enjeu crucial en élevage. La filière lait bio met donc temporairement un frein aux conversions (mais pas aux installations) afin de stabiliser le prix du lait bio et pour pourvoir dès que possible revaloriser ce prix. Aujourd’hui, seulement 4,6 % du lait collecté est bio (source CNIEL 2021) : la petite taille de la filière biologique la rend plus sensible aux aléas du marché notamment pour les opérateurs de collecte 100% bio. Concernant les entreprises artisanales régionales, elles ont été moins impactées par cette conjoncture COVID : leur prix payé aux producteurs est donc resté élevé (environ 500 euros les 1000 litres) et la demande est au rendez-vous.
Concernant les autres laits bio (chèvre et brebis), la demande n’a pas fléchi et l’équilibre entre offre et demande est favorable, des producteurs sont recherchés (conversion ou installation).